Mon avis sur le développement personnel. Définition, dérives, gourous et coaching pour comprendre s’il faut être pour ou contre la pensée positive.
Le développement personnel me laisse perplexe : je vacille entre la peur et la curiosité. Depuis que je tiens ce site, je veille à ne pas trop utiliser cette formule. Par peur de confusion, par honte également. Ainsi, mon opinion reste hésitante.
Un documentaire sur les gourous m’a inspiré ce texte. C’est le cheminement de ma réflexion plutôt qu’un argumentaire.
Pour ou contre le développement personnel ?
Est-ce si mal de vouloir se sentir mieux, de s’améliorer, de chercher le bonheur ?
Non, c’est dans notre nature. Comme êtres vivants, notre vocation est de grandir et d’évoluer. Dans l’Ethique à Nicomaque, Aristote définit le bonheur comme le but de la vie. Les Etats-Unis ont inscrit sa recherche comme droit inaliénable dans leur Déclaration d’indépendance.
Pourtant, c’est devenu kitsch.
Des courants comme les hippies ou le New Age ont peut-être participé à créer un cliché. Avant déjà, la recherche d’un certain mieux-vivre était associée à de la naïveté voire, sujette aux moqueries : *Candide ou l’optimisme. Cependant, les choses ont empiré avec la déconstruction des croyances et des religions au XXème siècle.
Or, il reste un besoin vacant de sens. Alors que la société est devenue individualiste, les extrémismes profitent de ce manque à combler. Ils offrent un retour aux idées, maintenant qu’il n’y a plus de structures définies.
Par conséquent, le problème n’est pas tant ce que les gens ressentent ni ce qu’ils désirent, même ceux qui se perdent dans certaines idéologies. Au plus profond, il y a un vide. Et si l’on a une ou plusieurs blessures, comme la plupart des gens, on ne sait plus vers qui se tourner.
Qui l’on choisit pour nous guider pose le véritable problème.
Historiquement, on allait voir le religieux, éventuellement le philosophe. On s’est ensuite tourné vers le médecin et le thérapeute. Maintenant, cela s’est démocratisé : n’importe qui peut exercer cette autorité, sans diplôme ni régulation.
Est-ce que c’est forcément mal ?
Non, le charlatan a toujours existé. Par ailleurs, des contre-exemples existent chez les plus dignes de confiance : des médecins radiés, des thérapeutes abusifs et des universitaires dangereux. Il s’agit toutefois d’une minorité étant donnés les contrôles exercés et l’évaluation au sein de leurs corps de métiers.
Alors, est-ce que c’est bien ?
Cela dépend de plusieurs facteurs, c’est donc forcément plus complexe. Sans formation crédible, comment savoir à qui faire confiance ?
Voici quelques clés pour exercer son esprit critique et éviter les dérives :
- Rechercher sa légitimité : est-ce qu’il est crédible ? Quelle est son histoire ?
- Analyser son discours : quel est son message ? Que souhaite-t-il nous faire faire ? Quel est son niveau d’égo ?
- Ecouter son intuition : si les manipulateurs savent se faire apprécier, écouter son instinct reste un indicateur important quand il nous dit de nous méfier car on sent que quelque chose cloche.
- Confronter son opinion : qu’en disent les autres (les fans ET les opposants, ceux qui viennent d’un autre milieu, d’une autre culture) ? Est-ce que leurs arguments sont pertinents ?
Celui qui pose son service ou son produit comme la solution est douteux. Un produit est un outil, un moyen, un support. Ça ne peut être une finalité. Je ne parle même pas de celui qui prétend être lui-même la solution.
Pourquoi ?
Parce qu’il existe autant de solutions que de problèmes. Aucune ne saura être irrémédiablement la bonne.
Par exemple : pour vaincre une addiction, on peut se tourner vers une solution médicale, vers une solution alternative ou bien y parvenir par sa seule force de volonté (bon courage, mais en soi, c’est possible).
Plus une méthode est spécifique et vérifiée, plus elle a de chances d’être efficace. On peut ainsi s’y fier davantage. Ça ne garantit pas de résultats mais, c’est un signe de confiance.
Etude de cas : Tony Robbins, le roi du développement personnel
Illustration avec le cas Tony Robbins, le coach par excellence. Mon a priori envers lui était négatif : il me rappelait une star du développement personnel dans *un roman de Guillaume Musso. J’ai vite réalisé qu’il l’avait probablement inspiré.
Ensuite, j’ai écouté des interviews dans lesquelles ses théories m’ont paru intéressantes. J’ai regardé son travail dont le documentaire sur lui et un séminaire réalisé le 11 septembre. Force est de constater qu’il est surprenant. Dans de telles circonstances, j’ose croire qu’un charlatan n’aurait pas tenu. Enfin, j’ai apprécié *Pouvoir illimité, son livre le plus connu. Toutefois, son attitude contre le mouvement #MeToo m’a déçue.
Est-il un gourou ?
Au delà des nombreuses personnes qu’il conseille : des artistes, des athlètes et des politiques dont François Mitterrand, sa carrière dure depuis près de 40 ans. Peut-on être un charlatan aussi longtemps ? Possible mais, c’est très difficile, notamment à notre époque.
Le fond est positif : il se base sur la P.N.L., je trouve son contenu pertinent. En revanche, la forme m’intéresse moins. On est dans l’exubérance. Je sais que c’est fait exprès : la musique, les projecteurs, tout cela participe à créer une énergie dynamisante. Personnellement, ça ne me correspond pas. J’ai préféré lire un de ses livres. J’ai vu et je n’y reviendrai pas.
Quant à lui-même, je reste méfiante. Je n’ai jamais eu l’impression qu’il exerçait un culte autour de sa personnalité. D’ailleurs, son documentaire s’intitule « I am not your guru » (Je ne suis pas votre gourou). Pourtant, j’ai vu des gens s’extasier ou pleurer devant lui comme devant une idole. Sans doute n’ai-je pas suffisamment creusé.
Par conséquent, je lui reconnais du talent – pour le meilleur comme pour le pire – mais, ce n’est pour autant chez lui que j’aurais envie d’investir.
Est-ce qu’il en profite ?
Il gagne beaucoup d’argent. Ses séminaires sont (très) chers mais, l’expérience proposée le justifie (peut-être), j’imagine. Ça ne me choque pas plus que ça, c’est un business premium. Je ne crois pas que les gens soient manipulés au-delà des techniques de marketing conventionnelles. Je pense même que ce n’est pas sa première source de revenus.
Je crois qu’il y aurait plus à dire si l’on enquêtait sur son système de coaching VIP que sur ses séminaires.
Quant à son discours : il n’y a pas d’aspect communautaire, de diabolisation des autres ni de l’extérieur. S’il y a des intentions cachées ou des abus de faiblesses, ils restent encore à démontrer.
Par conséquent, je ne crois pas qu’il soit un gourou. Du moins, il ne se pose pas en tant que tel.
En revanche, il n’est pas dit que son public ne le voit pas en tant que tel.
Et moi dans tout ça ?
L’éthique est un des principes que je valorise le plus. Je privilégie les scientifiques ou la rigourosité d’une Gretchen Rubin, par exemple. Je ne suis pas pour autant fermée aux autres, histoire de changer de perspective et de bousculer mes idées. Je préfère rester ouverte en maintenant une distance de sécurité et un esprit sceptique.
J’ai la même approche pour les livres comme le Miracle Morning ou La Magie du Rangement. Je prends ce qui peut me servir et, je ne me préoccupe pas tellement de leurs auteurs, dans la mesure de l’acceptable, bien sûr. Que Marie Kondo soit trop radicale ou que Hal Elrod se concentre sur l’argent et le succès m’importe peu. C’est leur problème, pas le mien.
Est-ce que je suis dans le développement personnel ?
Cette expression m’irrite. La première fois que l’on a lié mon contenu au développement personnel, j’ai été sincèrement surprise car ça n’a jamais été mon intention.
J’ai d’ailleurs remarqué que j’étais beaucoup moins réceptive à cette thématique en français. Est-ce dû à nos préjugés ou à notre rationalisme ? Peut-être. En tout cas, je n’aime pas l’idée de développement personnel. Je ne la trouve pas juste.
Si j’ai appris quelque chose en lisant ces méthodes, c’est que la démarche ne se fait pas dans un but individualiste voire, égoïste. Quand on se sent bien, la première chose dont on a envie, c’est de le partager.
Sauf que, lorsqu’on commence cette démarche d’introspection ou de reconstruction, il semble il y avoir une période où l’on finit complètement absorbé par nous-mêmes. L’enjeu est de réussir à en sortir pour aller vers une démarche collective.
Pourtant, le développement personnel m’évoque toujours les cultes, les sectes et les gourous. Mon présupposé me pousse encore à me méfier.
Je préfère la philosophie et la psychologie. J’ai passé une partie de l’année à lire les théories des penseurs antiques sur le bonheur. S’il fallait conseiller un livre, *Les Pensées pour moi-même de Marc-Aurèle me semblent plus intéressantes et moins équivoques que n’importe quelle méthode. Mort depuis des siècles, on ne peut pas le suspecter de vouloir manipuler qui que ce soit ! Bien que lui aussi soit critiquable.
Quelle est ma démarche ?
Mon but est de pousser à réfléchir, de donner des clés pour exercer son esprit critique. Ce sont mes propres objectifs, ce pourquoi j’ai fait des études de lettres et c’est ce que je désire partager dans cet espace.
Je ne pense pas construire sur le culte de la personnalité, au contraire j’en dévoile relativement peu sur moi. Par ailleurs, je qualifie mes produits de ressources et d’outils.
Néanmoins, j’avoue que c’est compliqué pour des questions de vocabulaire. Quand je rédige une page de vente, les techniques de marketing voudraient que l’on écrive des affirmations telles que « C’est la solution à tous vos problèmes ! » D’autant plus quand on a créé un produit pour répondre à un besoin spécifique.
Assumer de ne pas le faire est peut-être une manière de rester intègre, même si, du coup, cela se reflète sur mes ventes 😅
Qu’en est-il du coaching de vie ?
Là encore, c’est une formulation, à mon sens, problématique. Non pas que je sois contre le principe. Cependant, quand on entend « coach de vie », on a l’impression qu’on nous apprendrait à mieux vivre. Comme si quelqu’un le savait vraiment !
Je ne crois pas qu’ils aient cette prétention mais, la notion est trop générale et vague. C’est dangereux puisque tout le monde peut y voir quelque chose de différent et se créer des attentes illusoires.
Conclusion
La recherche du bonheur est :
- un besoin naturel
- un droit
Pourtant, l’expression « développement personnel » crée une confusion qui me met mal à l’aise. Avec un esprit critique, on peut trouver des solutions à ses problèmes sans pour autant basculer dans une secte. Donc je serais pour une autre formulation et avec beaucoup de méfiance.
Quant à ce que je partage, je ressens toujours une honte, un besoin de me justifier, limite de m’excuser lorsque j’aborde ce thème. Je n’ai pas envie d’être assimilée au « woo-woo » mais, je souhaite rester ouverte à des sujets plus spirituels. Toutefois, je cherche à tester, à discuter et à corroborer le plus possible. Ainsi, je peux m’en tenir aux faits et offrir une perspective plus rationnelle.
Et vous, êtes-vous pour ou contre le développement personnel, quelle est votre démarche ?
Bonjour Lutetia, j’ai beaucoup aimé ton article et le partage de ton point de vue. J’ai également beaucoup apprécié ta vulnérabilité. Cette article me fait méditer. Merci. Et belle année à toi :)
Merci à toi d’avoir pris le temps de le lire Audrey !
Bonjour,
Ton article me parle tellement je suis une personne qui malgré moi se tourne bcp vers des livres dit « développement personnel » car je cherche svt ds les livres des réponses à mes questions. L envie aussi d agir fasse à mes difficultés mais parfois je doute de ce qu il m apporte est ce trop simpliste, vendent ils leurs produit sur la souffrance des gens ? D autre fois j ose crois qu ils souhaitent partager une idée une solution peux être qu il les a aider pour avancer et quoi de mal à ça même au contraire transmettre partager sont des valeurs d entraide mais comment savoir ? Te lisant régulièrement et tes articles riche de culture m éclairé svt : MERCI..
JE vais TENTER de me dirriger aussi vers Des ouvrages de philo ou psycho, mais j ai la crainte de ne pas tt comprendre d ou le développement perso marche bien avec moi c est vulgarise j ai honte de dire ça mais sûrement une réponse pourquoi on se tourne vers le developpement perso.
un livre que j ai lu aussi est help me de Marianne power qui évoque ce que le developpement perso peut ou pas apporter intéressant qui fait réfléchir à mon niveau.
Merci encore à toi pour tes partage. Très belle année 2019
Merci de partager ton expérience Marilyne ! Le point que tu soulèves sur la vulgarisation est très intéressant. C’est une idée qu’on se fait parfois à tort : Les Pensées de Marc-Aurèle mentionnées dans l’article sont faciles à lire. De plus, ces livres anciens font partie du domaine public, tu peux les trouver gratuitement sur le net. Ils ne tirent donc pas profit de la souffrance des gens. J’aime aussi me dire que depuis le temps, toutes les critiques qu’on peut leur adresser ont dû être faites. En gros, ils ont quelque chose de plus « fiable ». En revanche, les livres de développement personnel sont plus actuels donc plus proches de nos problèmes.
Le plus simple pour te donner une idée serait de trouver des extraits ou d’aller en bibliothèque. Tu verrais si les livres, philo ou développement personnel, te parlent, s’ils sont adaptés à ta situation et s’ils ne sont pas trop compliqués.
Bonne année à toi aussi !